Ecrire à 4 mains

J'écris beaucoup avec Régine Joséphine. Ensemble, nous avons publié 6 romans et albums, et comptons bien ne pas en rester là ;). 

(La malédiction Shakespeare, le 1er tome d'une série fantastique de la mort-qui-tue)


Alors comment fait-on pour écrire ensemble, me demande-t-on souvent...

Eh bien c'est plutôt facile, quand on s'entend comme larrons en foire. D'ailleurs, les copains-auteurs nous connaissent souvent comme une entité unique, "Réginèanne", une sorte de monstre à deux têtes qui se marre tout le temps.



Nous sommes pourtant très différentes (pensez donc : Régine lit des livres sérieux alors que moi, j'adore la bit lit et la romance !), mais nous nous connaissons depuis longtemps, plus de dix ans.


Nous avons grandi en écriture ensemble, et nous avons appris à nous faire confiance, au début en lisant et critiquant les textes l'une de l'autre (pour celles et ceux qui se souviennent, c'était la belle et regrettée époque du forum de Ricochet...).
Or en tant que bêta-lectrices, nous nous comprenions très bien, alors un jour, nous avons sauté le pas de l'écriture commune.

C'était pour Patte Rouge, un petit album paru aux éditions Millefeuille. Nous avons tellement ri en écrivant (à vrai dire, nos commentaires hilares et nos blagues stupides nous prenaient beaucoup plus de place et de temps que l'écriture de l'album lui-même !), que nous réitérons régulièrement ce plaisir !

(une histoire terriblement terrifiante de voleur de doudous, de gargouille démoniaque et de peluche malfaisante. Enfin, quelque chose comme ça)


Alors concrètement, comment ça se passe ?

Il faut savoir que Régine et moi habitons à 2h30 de route l'une de l'autre, et que nous nous voyons, en gros, à Montreuil une fois par an, et parfois lorsque les organisateurs de salon du livre ont la merveilleuse idée de nous inviter ensemble (enfin, merveilleuse idée... Je me souviens de tables outrées, à quelques encablures de la nôtre, parce que nous riions un peu trop fort...) (si si. C'est même à ce salon que sont nées les Chroniques étranges des enfants Trotter, comme quoi le rire est créatif).

Nous travaillons donc exclusivement grâce aux tuyaux miraculeux d'internet.



En général, ça commence comme ça : "Dis donc, une histoire avec un zombie, du comté et une boîte d'allumettes, ça te brancherait ?".
Invariablement, l'autre répond : "ah oui, carrément ! Et si on ajoutait un kangourou de l'espace, un séjour en Ecosse et une grand-mère asthmatique ?".

Et ça fuse dans tous les sens, on s'écoute parler (ou plutôt écrire, ce qui est pratique pour éviter de se couper la parole), on laisse le délire suivre son cours, et au bout du compte une histoire émerge.

(Titre auquel notre Patte-Rouge a échappé...)


A partir de là, on affine.
Je corrige : à partir de là, c'est surtout Régine qui affine, c'est elle qui repère les invraisemblances ("mais non, on avait dit que c'était le petit-neveu qui étranglait le kangourou, pas le danseur de hip-hop !"), parce qu'elle est nettement plus sérieuse et rigoureuse que moi (Grâce te soit rendue, Régine, Magnificence et pluie de roses d'or sur toi et les tiens pour mille générations !!).

(ça ressemble donc à ça, un manuscrit en cours d'écriture à 4 mains. Là, c'est le tome 3 des Enfants Trotter)


Puis on découpe l'histoire en chapitres, et l'une de nous commence. Elle envoie son chapitre à l'autre, qui commente, corrige, et écrit le chapitre suivant avant d'envoyer le tout à son tour. La première accepte ou non les corrections du chapitre un, corrige le 2, et écrit le 3, et renvoie le tout.

Bref, vous avez compris, c'est un incessant va-et-vient entre nous, ponctué de messages inquiets sur fb, de sms ou de mails pour éclaircir un point ou un autre ("tu es sûre qu'elle existe, la plaque tectonique de Nazca ?") (ah, si ça vous intéresse, oui, elle existe, et on s'en sert dans notre prochain roman !).

Enfin, on lisse l'ensemble et on envoie à notre éditeur préféré (non, je n'ai pas de nom à vous donner, c'est un concept, "éditeur préféré", ça dépend du type d'album ou de roman sur lequel on travaille).

Et voilà. Facile, non ?

(Un album-patrimoine merveilleusement documenté, qui explique tout bien-komilfo comment, à cause de moutons et de bilboquets, l'Histoire a changé les donjons en châteaux forts, et les bacs d'eau froide dans la cour en douche à jets massants)


Ce qui fait que toute l'année, en parallèle de nos projets personnels, on a toujours un projet ou deux en commun sur le feu.

En ce moment par exemple, nous terminons l'écriture du tome 4 des aventures des Enfants Trotter, et nous sommes impatientes de nous lancer dans un nouveau projet, avec 4 autres mimines cette fois.

Un roman qui nous enthousiasme, c'est le moins qu'on puisse dire. On vous en parlera le moment venu.



Commentaires

  1. Merci pour les explications détaillées ! :)
    Quand tu dis "avec 4 autres mimines", ça veut dire que ça sera un roman à 8 mains ?? Pinaise, ça va faire des échanges d'email de compet' ça ! ;)

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  2. ce sera un roman avec deux autres auteurs, donc huit mimines, gants en fourrure d'ours compris. ;)
    ça va être super génial !!

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  3. super ! ça fait rêver. Je rêverai de trouver quelqu'un avec bosser comme ça. Dans mon domaine bien-sur...

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  4. Ah vivement qu'on se mette à ces 8 mimines ! J'ai hâte !

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  5. Bravo les filles !! Pour avoir lu la Malédiction Shakespeare, je peux vous dire que votre duo fonctionne à merveille ^_^

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  6. C'est sympa de décrire votre démarche! Est-ce que ça fonctionne aussi si on a deux mains gauches???

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    1. à priori, je pense que ça marche aussi.
      Et vu que ça marche, ça doit aller aussi avec des pieds, droits, gauches, bots, nickelés ou de poule, à mon avis, tant que l'envie y est, tout roule !!

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